
Pierre CABON
Spécialiste Solutions de Placement Entreprises et Institutionnels – Cyrus Herez
Sommaire
Un environnement économique incertain
Si le contexte économique peut sembler plus stable qu’au cours des cinq dernières années — avec une inflation en recul, une courbe des taux redevenue croissante et une croissance modérée — il reste marqué par une instabilité profonde à moyen terme. Tensions internationales, endettement croissant des États, montée des extrêmes : autant de signaux qui rendent l’environnement plus incertain qu’il n’y paraît.

Dans ce cadre, l’adaptabilité des entreprises devient une nécessité, et la qualité de l’accompagnement un levier stratégique pour prendre les bonnes décisions financières.
Cette exigence s’impose d’autant plus que la baisse rapide des taux courts fragilise les placements traditionnels comme les dépôts à terme. Il devient indispensable de trouver des alternatives viables pour continuer à faire travailler efficacement sa trésorerie.
Les dépôts à terme voient leur attractivité s’éroder
Après une période d’euphorie de taux élevés, les entreprises sont aujourd’hui confrontées à une réalité nouvelle : la baisse progressive mais durable des taux courts. Les Dépôts à Terme (DAT), plébiscités depuis 2022 pour leur simplicité et leur rendement, voient leur attractivité s’éroder rapidement. En quelques mois, les DAT ont perdu plus de 100 points de base — une chute brutale qui oblige les directions financières à repenser leurs arbitrages.
Les freins à la diversification de la trésorerie
Face à cette nouvelle donne, le choix logique est d’explorer des solutions en dehors des supports bancaires classiques. Pourtant, la majorité des PME restent très prudentes. Dès que l’on sort du cadre traditionnel, les freins surgissent : manque de lisibilité, peur de l’illiquidité, crainte d’une perte en capital en cas de sortie anticipée. Même des placements simples, comme une Note Bancaire à Taux Fixe, peuvent être écartés dès lors que la valorisation fluctue en cours de vie, ne serait-ce que marginalement. Ce n’est pas tant le risque réel qui inquiète, que l’impression de ne pas tout maîtriser.
Vers de nouvelles stratégies d’allocation
Dans un environnement où les taux courts sont retombés, il devient illusoire d’espérer des placements à la fois sans risque, très liquides et bien rémunérés.
Cette combinaison n’existe plus. Si l’on souhaite que la trésorerie continue à produire de la valeur, il faut accepter un minimum de contrainte — notamment sur la maturité des placements. Cela ne signifie pas prendre plus de risque, mais simplement allonger l’horizon d’investissement pour accéder à des segments de la courbe des taux mieux rémunérés, sans renoncer à la sécurité.
L’une des réponses les plus efficaces consiste à structurer l’allocation de trésorerie en poches distinctes, selon les contraintes de liquidité et de durée. Cette approche modulaire permet de conserver une partie immédiatement mobilisable, tout en sécurisant des rendements plus élevés sur des lignes à échéance définie. Chaque poche répond à un besoin spécifique et permet d’arbitrer intelligemment entre disponibilité, rendement et visibilité.
Des approches différentes selon la taille des entreprises
Aujourd’hui, la manière dont les entreprises s’adaptent dépend fortement de leur taille et de leur culture financière. Les structures moyennes conservent généralement une approche court-termiste et sécurisée de la trésorerie. Elles montrent peu d’appétence pour les maturités au-delà de deux ans, et exigent souvent une liquidité permanente.
À l’inverse, les grandes entreprises disposant de davantage de ressources peuvent diversifier plus facilement. Elles conservent l’essentiel de leur trésorerie sur des supports très liquides, mais isolent des poches spécifiques pour des stratégies à horizon plus long. Ces groupes, souvent
plus accompagnés, sont également plus ouverts aux mécanismes de valorisation ou de rendement conditionnel.