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Créer une holding à l’occasion de la cession d’entreprise

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre podcast « Dans l’oreillette », un format exclusivement dédié à la Gestion Privée et Gestion de Fortune. Aujourd’hui, nous allons aborder une question cruciale pour les dirigeants d’entreprise au moment de la cession : faut-il créer une holding à cette occasion, et pourquoi ?

Pour ce nouvel épisode, nous accueillons Pierre-Yves Lagarde, Family Officer chez Cyrus Herez.

Pourquoi est-ce que la cession d’une entreprise est souvent le moment choisi pour créer une holding ?

Pierre-Yves Lagarde : Parce que c’est un moment stratégique. Lorsqu’un dirigeant vend son entreprise, il encaisse souvent une plus-value importante, avec une fiscalité significative . Il est donc naturel de chercher à planifier cette fiscalité… et à se préparer pour l’avenir.

Créer une holding à l’IS avant la cession permet d’apporter tout ou partie des titres de l’entreprise à cette structure, et de bénéficier d’un report d’imposition sur la plus-value.

En clair : on déclare la plus-value, mais on diffère le paiement de l’impôt, ce qui permet de réinvestir une somme brute, non fiscalisée, dans un nouveau projet ou une stratégie patrimoniale.

Comment fonctionne ce report d’imposition ? Quelles sont les conditions à respecter ?

P-Y.L. : C’est relativement simple dans son principe, mais très encadré.

Le cédant apporte ses titres à une société soumise à l’IS – la future holding – avant la cession.

Si cette holding revend les titres reçus plus de 3 ans après l’apport, le report est maintenu sans condition. Mais si elle les cède dans les 3 ans, alors pour que le report soit conservé, au moins 60 % du produit de la vente doit être réinvesti dans une activité éligible – en général une entreprise opérationnelle, ou du Private Equity.

Quel est l’intérêt d’investir via une holding plutôt qu’à titre personnel ?

P-Y.L. : Il est double.

D’abord, sur le plan fiscal, la holding permet de capitaliser les revenus au sein d’une société soumise à l’IS, sans les subir à l’IR tant qu’il n’y a pas de distribution.

Ensuite, elle offre une flexibilité de gestion : on peut structurer des investissements dans le non coté, dans des fonds, des sociétés commerciales, ou même dans l’immobilier, avec une approche plus professionnelle.

Et si la holding est bien calibrée, elle devient le socle d’un patrimoine familial transmissible à long terme.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes ?

P-Y.L. : Oui, il y en a plusieurs.

La première erreur, c’est de vouloir tout apporter à la holding. Il faut garder à l’esprit qu’une fois dans la société, les fonds ne sont plus disponibles personnellement. Il est donc essentiel de calibrer l’apport pour conserver suffisamment de liquidités pour les besoins personnels, familiaux, ou des projets de vie.

Deuxième erreur : négliger les obligations de remploi en cas de cession dans les 3 ans. Le remploi dans des investissements éligibles doit être stratégique et anticipé.

Enfin, il faut se rappeler que cette stratégie est puissante mais technique. Elle nécessite un accompagnement sur mesure et une vision à long terme.

Quels types d’investissement peuvent répondre à cette obligation ?

P-Y.L. : Le remploi peut se faire :

  • Dans une nouvelle entreprise opérationnelle, si le cédant veut se redéployer professionnellement.
  • Ou dans des investissements non cotés, notamment via le Private Equity.

Aujourd’hui, il existe des solutions packagées qui permettent de répondre aux obligations de remploi tout en offrant une diversification professionnelle et une gestion déléguée. Certains fonds sont même conçus pour cela, à condition de conserver les parts pendant au moins 5 ans.

A qui s’adresse cette stratégie d’apport-cession et de création de holding ?

P-Y.L. : Elle s’adresse principalement à des dirigeants actionnaires qui ont créé ou développé leur entreprise et qui la vendent avec une plus-value significative.

C’est une stratégie à considérer avant la vente, en concertation avec son expert-comptable, son avocat et son conseiller patrimonial. Elle permet d’optimiser la fiscalité, de préparer l’après-cession et d’organiser la détention de ses futurs investissements, notamment dans le non coté.

Mais elle doit être personnalisée et mesurée. Le bon équilibre, c’est celui qui permet à la fois de préparer son futur et de préserver sa liberté.